Remerciements à M P. Boursin, ancien professeur de maintenance automobile du lycée Cugnot
Nicolas-Joseph Cugnot est né le 25 septembre 1725 à Void en Lorraine de parents cultivateurs. Il suit des études d'ingénieur militaire à l'école de
Génie Royal de Mézières avant de s'engager comme ingénieur dans l’armée, la Lorraine étant alors rattachée à l’empire autrichien.
Résidant à Vienne, il devient officier dans l'armée autrichienne en 1745, il se trouve sous le commandement du général d'artillerie Gribeauval, "emprunté" à l'armée
de Louis XV, et fait la connaissance de Choiseul, ambassadeur du roi de France.
Il rejoint ensuite Bruxelles et se consacre à des projets de fortifications de différents engins de guerre. Libéré de ses obligations militaires en 1763, à l'âge de 38 ans, il reçoit une pension annuelle de 600 livres comme récompense pour son invention brevetée d'un nouveau fusil de cavalerie, accueilli avec intérêt par les conseillers militaires de Louis XV.
Ayant pris connaissance des travaux de l'allemend Jakob Leupold (1674-1727), "Theatrum Machinarum" publié en 1724 (répertoire de toutes les machines à vapeur fabriquées alors). Il aurait construit une maquette de chariot à vapeur en 1763.
Il rejoint Paris et publie des ouvrages de génie militaire : Eléments de l'art militaire ancien et moderne, en 1766, puis Théorie de la fortification, en 1768, suivie de la description d'un nouvel instrument topographique. Grâce à ses inventions et à ses traités, Cugnot commence à être connu dans les milieux militaires.
N.J. CUGNOT poursuit ses travaux et développe "un véhicule militaire actionné par le feu" (il s'agit d'un véhicule à vapeur) capable de transporter de lourdes
charges ou fardeaux d'où son nom de Fardier. Il soumet son projet à Gribeauval, revenu à Paris et devenu inspecteur général de l'armée française. Cugnot reçoit l'ordre du Duc de
Choiseul (devenu ministre de la guerre) d'exécuter sa machine "en petit" (aujourd'hui on parlerait de "prototype") aux frais du roi.
Le 23 octobre 1769 à Paris, la machine est expérimentée en présence du ministre Choiseul, du général de Gribeauval et autres personnalités puis devant L.N. Rolland,
commissaire général de l'Artillerie. Le fardier parcourt un quart de lieue (4 km) en une heure.
Cugnot est récompensé par l'octroi d'une prime de 22.000 livres et met en chantier le "grand" fardier. La nouvelle machine est construite à l'Arsenal Militaire de Paris.
La machine est essayée à mi novembre 1770 à l'Arsenal de Paris, traînant une masse de 5 milliers (2.5 tonnes) servant de socle à un canon de 48 du même poids et parcourt 5 quarts de lieues en une heure. (Soit environ 6km/h avec une masse totale de 4 à 5 tonnes!)
Cependant l'essai fut de courte durée car l'engin trop lourd et difficile à manœuvrer renversa un mur qui se trouvait sur son chemin.
Après son "accident" la grande voiture de Cugnot fut réparée et une nouvelle série d'essais est prévue en juillet 1771. Gribeauval écrit au ministre Choiseul, le 2 juillet 1771, pour demander que des essais complémentaires fussent effectués. Choiseul n'étant plus ministre et son successeur, le marquis de Montaynard étant partisan des anciennes méthodes, le fardier est remisé dans les ateliers de l'Arsenal.
Cugnot se retire en Belgique pendant la Révolution où il perd sa pension. Le malheureux officier serait alors mort de misère, si une dame charitable de Bruxelles ne lui eût fourni quelques secours. A l'arsenal de Paris, L.N. Rolland sauve par deux fois le fardier de la destruction.
Le général Bonaparte, à son retour d'Italie, eut connaissance de l’existence de la machine de Cugnot, et il exprima à l’Institut l’opinion qu’il serait possible d’en tirer parti. Bonaparte fut nommé membre d’une Commission qui devait examiner l’appareil ; mais son départ pour l’Égypte empêcha de nouveaux essais.
En 1799,Molard, directeur du Conservatoire des Arts-et-Métiers, réclama le chariot à vapeur de Cugnot pour cet établissement. Mais ce ne fut que deux ans après que l’on donna suite à cette demande, par suite de l’opposition qu’elle rencontra auprès du ministre Roland et de quelques officiers. La machine de Cugnot fut donc transportée en 1801, au Conservatoire des Arts-et-Métiers où elle est toujours exposée.
Cugnot avait alors soixante-quinze ans. A la suite d’un rapport favorable sur ses travaux, fait par une commission académique, Bonaparte lui rendit sa pension, qui fut portée à mille livres. Il mourut en 1804, âgé de soixante-dix-neuf ans, au moment où les premières locomotives commençaient à circuler sur les voies ferrées de Newcastle...